En 1997, le capitaine Charles Moore découvre une nouvelle terre, au milieu de l’océan pacifique : une île d’une superficie de plus de 1 million de km². Cela ressemble au début d’un récit historique sur l’exploration terrestre, mais ce n’est pourtant pas le cas, quand on vient à préciser que cette terre est en fait composée uniquement de déchets.
Appelée «Le 6eme continent », «Le vortex de déchets du pacifique », ou encore « La soupe de plastique », elle représente en effet des milliers de déchets flottants sur l’eau, formant une immense île que l’on confondrait de loin avec un véritable continent, créé par l’homme.
Aujourd’hui, ce ‘continent’ a une superficie de plus de 3,43 millions de km², soit environ 1fois et demi la superficie de l’Algérie. Il va jusqu’à 30 mètres de profondeur.
Un continent en plastique créé par les déchets des continents voisins :
Pendant des dizaines d’années, des tonnes de déchets sont jetés dans les mers du pacifique, en plus de ceux arrivant des cours d’eau, des plages, des bateaux…L’Amérique et l’Asie étant deux des plus grandes sociétés consommatrices de plastique au monde, il s’est donc naturellement formé entre eux un autres continent de poubelles qui n’a cessé de grandir.
En réalité, un grand gyre océanique(1)attire et rassemble tous les déchets flottants dans l’océan pacifique sous l’effet des courants marins. Ces déchets sont essentiellement composés de plastique (à 75%). On y retrouve toutes sortes d’objets de tous les jours: bouteilles en plastique, brosses à dents, sachets, casquettes, jouets d’enfants, couverts et assiettes en plastique, boîtes de cd …
Ce qui pose problème c’est le temps nécessaire à la dégradation de ces plastiques (estimé entre 500 et 1000 ans) et la toxicité des éléments qui les composent. Mais le plus dangereux, c’est la présence des « microplastiques », qui sont de petites particules de plastique d’une taille de moins de 5mm, semblables à des graines ou à du sable, et qui proviennent de la décomposition des objets en plastique qui ne se dégradent pas.
Une menace pour la biodiversité :
Cette terre artificielle menace aujourd’hui plus de 267 espèces marines. C’est un véritable fléau pour la faune et la flore, qui peut causer la disparition de certaines races. Beaucoup de ces animaux meurent en raison d'une fausse satiété(2) induite par un estomac plein de plastique ne pouvant pas être digéré. L’animal cesse alors de se nourrir, et meurt le ventre plein de plastique. C’est le cas par exemple pour les tortues de mer, qui confondent les sachets en plastique avec les méduses qui sont leur plat préféré, ou encore pour les différentes sortes de poissons qui mangent les particules de plastique en les confondant avec des planctons (aliment principales des espèces marines). Cela touche aussi les oiseaux comme les pélicans qui prennent le plastique pour une terre ferme.
On estime qu’environ 1 million d’oiseaux et 100 000 mammifères marins meurent chaque année de l’ingestion de plastiques. Les effets en cascade peuvent ainsi s'étendre et toucher l'homme, via la chaîne alimentaire par le phénomène de bioaccumulation(3).
L’avenir du continent :
Il faudra selon les estimations près de 1000 ans pour que ces plastiques déjà présents dans l’océan Pacifique disparaissent naturellement. Pendant ce temps d’autres plastiques s’accumulent encore dans ces eaux.
Mais ce continent, symbole extrême de la pollution des océans, est suivi par les Nations unies et dénoncé par de nombreuses associations et ONG internationales comme Greenpeace et la Surfrider Fondation. Plusieurs missions ont été lancées à l’assaut du continent de déchets comme celles de ‘l’Algalita Marine Research Foundation’, le projet ‘Kaisei’, le projet du‘CNES’, le projet‘P-Pod’ de la fondation Abundant Seas, ‘The Ocean Cleanup27’ proposé par Boyan Slat… Ces projets ont pour but de récupérer un maximum de déchets, qui une fois sur le continent peuvent être recyclés en emballages par exemple.
Au final, l'important dans le futur est de prendre conscience des conséquences de l’utilisation du plastique, et de le réserver aux objets qui durent et non aux objets de tous les jours facilement jetables. Car on l’a bien compris, le plastique pour la planète ce n’est pas fantastique.
DERRADJI Amira
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